Nous venons d’apprendre avec tristesse par Mme Sabine Pérouse, membre de l’association, le décès de son parrain et dernier survivant du coup de force japonais en Indochine, le colonel Jean de Heaulme.
Il avait fêté ses 102 ans le 9 janvier dernier. Il était le mari de Geneviève de Galard, « l’Ange de Dien bien Phu », elle-même décédée presque un an jour pour jour.

Au moment du coup de force, l’aspirant Jean de Heaulme venait de réussir le concours de Saint Cyr à l’Ecole Militaire de Tong. Il avait été intégré au 9e RIC en octobre 1944 et en particulier au sein du détachement motorisé de Tong.
Ce dernier avait été aguerri par des missions contre les premières implantations du Viet Minh dans le nord du Tonkin.
Lors du 9 mars 1945 à Tong, l’alerte avait été déclenchée le matin du 9 bien avant l’attaque japonaise et elle fut maintenue à cet endroit à la différence de la plupart des unités françaises. Comme 800 autres soldats français et vietnamiens, Jean de Heaulme fut rapidement fait prisonnier par les Japonais qui les surprirent au petit matin du 10 mars. Il connut alors un internement sur place jusqu’en juin puis dans la citadelle d’Hanoi avec 5000 autres prisonniers dans des conditions particulièrement misérables. En juillet, il fut dirigé sur un camp de travail avec 200 autres prisonniers au Tam Dao pour aménager des plateformes, en vue d’y installer des canons anti-aériens. Ces travaux de forçats étaient épuisants. Les bombes américaines sur le Japon les 6 et 9 août 1945 les sauvèrent d’une extermination planifiée. Les soldats français retrouvèrent alors la citadelle d’Hanoi en conservant leur statut de prisonniers, cette fois-ci de pseudo alliés chinois. IL fallut attendre le 18 novembre pour que le groupe de Saint Cyriens soit rapatrié à Saigon.
Notre association a eu l’occasion de le croiser avec son épouse à de nombreuses reprises, lors de nos commémorations du 9 mars 1945, en particulier celle du 9 mars 2023 où il avait assisté, encore très vaillant, à la messe à l’Ecole Militaire. A l’issue de cette messe, il avait eu un échange avec une délégation de Cyrards de la promotion le Coq (vidéo de l’entretien sur ce site). Nous avons pu participer, avec le journal l’Ancre d’Or, également à une interview du colonel fin 2023 où il avait témoigné sur son expérience du coup de force et des mois qui ont suivi.
Il a été chef de corps du 2e RIMA de 1972 à 1974, commandeur de la Légion d’Honneur, croix de guerre 1939-1945, croix de guerre des théâtres des opérations extérieures.
Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille et nous lui faisons part de notre grande tristesse de voir disparaitre le dernier représentant de ces combats héroïques il y a 80 ans en Indochine.
