La volonté de combattre

LA VOLONTÉ DE COMBATTRE

Les refuges de la brousse et les maquis

Si des garnisons, imbriquées dans le dispositif japonais, ne peuvent que s’y défendre, d’autres, n’étant pas l’objet d’attaques immèdiates, réussissent à gagner la brousse pour poursuivre la lutte.
Ainsi des détachements errant à l’aveuglette, ont parfois la chance d’atteindre les zones des groupes du Service Action (S.A.), dont la mise en place est en cours au 9 mars 1945, ou tombent rapidement aux mains des Japonais lancés à leurs trousses.
Quelques-unes des actions sont rapportées, parmi tant d’autres …

Tonkin : Dans le 1er Territoire Militaire, les combats sont livrés par des détachements mobiles composés d’unités du 19ème R.MI.C, des sectíons de la Garde indochinoise, le détachement  d’aviation de Vatchay (capitaíne ESTIENNE) et, sous les ordres du capitaine de vaisseau COMMENTRY, des marins qui, à bord du remorqueur “Marguerite” et sous le commandement
de l’enseigne de vaisseau TARDY, ont pu sortir du port d’ Haiphong dans la soirée du 9. Le colonel LECOCQ, chef du Territoire, tué au cours d’une opération de dégagement, est remplacé par le commandant GRlNDA. Un décrochage général, vers la Chine a lieu entre le 11 et 22 mars.
Seuls, demeurent dans les eaux territoriales indochinoises, le “Cravssac”, le “Frezouls”, les jonques armées “l’Audacieuse”, le “Vieux Charles”, “l’Etoile” et la “Belle Poule”.

Moyen-Laos : De part et d’autre de la R.C.9 qui relie Savannakhet à Dong Ha par Seno, Donghène et Tchépone , les unités qui parviennent à prendre la brousse bénéficient de conditions favorables : une nature assez hospitalière, une population complice, des dépôts en place el une activité nippone limitée.
Le lieutenant-colonel THEVENIN, en mission dans la region au moment de l’attaque japonaise , installe son PC au sud de Tchépone et entre en liaison avec la 6eme compagnie du 11 / 10eme R.M.I.C à Cam lo et la 2eme compagnie du 1 /10eme R.M.I.C. a Thakhek. Quant à la compagnie laotienne du capitaine DUMONET. en sécurité dans un milieu qui est le sien, elle établit son P.C. à Bung Seng et sert de point de ralliement aux isolés.
Le 20 mars , la liaison est prise avec Calcutta.

Cambodge : Après la neutralisation des principales garnisons, de nombreux petits détachements prennent la brousse et vont  s’efforcer de durer; avec des formes diverses.
Dans le sud, se regroupent dans la région de Samrong, avec le commandant Baud et le capitaine DIEU, qui ont pu s’échapper de Phnom Penh, une section de la 2eme compagnie du R.T.C  et la 3ème compagnie du même régiment  qui se trouvait en mission à l’extérieur au moment de l’attaque.
A Stung Streng, la 10eme compagnie, après avoir perdu ses chefs, rejoint Rovteng. Dans le nord, la 5ème compagnie du capitaine ROBERT, non menacée, gagne la région de Rovieng, où de nombreux ísolés : civils de la Résistance et militaires, se joignent au détachement qui grossí de la 10 eme compagnie passe sous le commandement du lieutenant- colonel MAUREL, du commissariat aux relations franco-japonaises en mission à Siem Rap.
A Kratié  enfin, quelques isolés parmi lesquels des marins du «Francis Garnier» gagnent également la brousse.
Tous ces détachements tomberont finalement aux mains des Japonais.
Seule, la petite équipe franco-cambodgienne du lieutenant LAVIE, se déplaçant sans cesse dans le massif des Cardamomes, échappera jusqu’au bout à l’emprise de l’ennemi.

Nord-Annam : Sous la conduite du commandant BISEUL,  le petitl groupe qui, dans la nuit du 9 mars a pu s’échapper de Vinh ~ se dirige vers la plaine côtière pour rechercher la liaison avec les membres civils de I’ organisation  “Médéric”. Il est cerné par les Japonais et anéanti.
Plus au sud, à Dong Hoï,  la base aérienne est en alerte le 10 mars au matin. Le capitaine MAYAUD étab!it sa base de guerilla à une trentaine de kilomètres au nord – ouest de Dong Haï. dans les défilets calcaires du Song Troc. Il mourra d’épuisement dans un village du Laos. Le détachement de la base- aérienne, commandé par le capitaine HORVATTE, est attaqué le 10 avril et dispersé. L’équipe du lieutenant MORLET réussit à s’esquiver et à passer au Laos où il rejoint le 10 mai le maquis S.A. du capitaine FABRE,  le 23, celui du capitaine AYROLLES.

Centre-Annam : Sous la conduite du colonel RAGOT, les rescapés de la garnison de Hué
( 300 hommes environ) se retrouvent  après quatre journées de marche, dans la région d’Ashau où ont été mises en place des caches d’approvisionnememt.
Le 15 mars , la liaison radio est établie  avec Calcutta et des parachutages sont promis.  La pression des Japonais et l’épuisement des stocks de la base, obligent le détachement à s’enfoncer plus avant dans le massif à partir du 28.

Sud-Annam : la 10ème compagnie du 11 /16ème R.I.C. (capitaine TROJET), violemment attaquée de nuit à Quang Ngaï, parvient à s’échapper  en direction de ses repaires de brousse.  Le 11 / !6ème R.I.C, implanté à Ankhé, est dispersé 12 mars par les Japonais convergeant sur le plateau de la côte ( Qui Nhon), du sud ( Ban Mé Thuot), et de l’ouest (Stung Streng).

Cochinchine : La disparition du commandement  anéanti dans la soirée,  laisse les unités désemparées et  sans ordres. Acun de ces éléments ne parvient à survivre longtemps.
A Mytho, les Japonais attaquent à la grenade quatre canonnières : le “Paul Bert” se saborde ,”l’avalanche” séchoue, “l’Amiral Charner” qui a pu être alerté, coule “l’Avalanche” et le “Mytho” et se saborde, l’équipage réussit à s’échapper.
Dans le sud, en revanche, le maquis du Transbassac est le seul élement relativement homogène qui parvient à échapper à la surprise initiale et à offrir une résistance organisée dès le 9 mars. Le S.A est animé par le capitaine de gendarmerie Jean d’HERS. Le groupement mixte constitué comprend 1075 hommes composés de 515 gendarmes et gardes civils de toutes les provinces sud, de 260 marins rescapés des bâtiments sabordés, commandés par le capitaine de corvette MIENVILLE, 280 militaires du 3 R.T.A du commandant LANGELLIER-BELLEVUE et 20 résistants civils.

Le groupement du Transbassac tiendra tête aux troupes japonaises du 10 au 26 mars, en défendant  la pointe de Camau sur la ligne des canaux Bac lieu, Tan Soc, Rach Goï, Xano, Co Quao submergé par des troupes fraîches venues de Rach Gia, il succombera2- mars n’ayant plus que 160 hommes.

Retour en haut